Raphaël :
Propriétaire et Ébéniste
Depuis plus de 6 ans, Raphaël a travaillé à transformer son corps de ferme en bien plus qu’un simple hébergement. C’est un véritable havre de paix et de convivialité. Mais en plus de se lancer dans cette aventure, Raphaël est ébéniste. Découvrons ensemble son histoire…
Ce qui a été un déclencheur, ça a été l’envie d’un autre rythme et de vivre dans un environnement différent. J’ai d’abord trouvé le lieu, qui s’appelle le hameau Rulinen, et je me suis posé ici. Après coup, je me suis demandé ce que j’avais envie de faire et comment.
L'interview
Bonjour Raphaël, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Raphael Loubaton, j’ai 43 ans, et je me suis installé dans les Côtes d’Armor il y a 7 ans. Je suis multi propriétaire chez Gîtes de France, car j’ai la chance d’avoir un hameau, qui a un peu plus de 200 ans et qui comporte 5 bâtiments dont 3 habitables : un dans lequel je vis, et deux que j’ai transformés ou réhabilités en gîtes pour les louer.
Avant de devenir propriétaire de gîtes, quel a été votre parcours de vie ?
J’ai beaucoup voyagé. J’ai un papa qui était muté tous les 2 ans, donc j’ai vécu à l’étranger, en France, un peu en Europe. J’ai gardé ce goût du voyage pour mes études et ensuite pour ma vie professionnelle. J’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans l’industrie du bois. Puis, à un moment j’en ai eu marre. J’assurais des fonctions de direction commerciale avec des grosses équipes, des grosses croissances, beaucoup de chiffres d’affaire… Ça a manqué un peu de sens, et j’ai eu envie de revenir à des choses plus terre à terre.
Terre à terre, ça a été un lieu, la Bretagne, que j’affectionnais beaucoup. C’est un lieu dans lequel je n’ai pas de racines, mais que j’aime énormément parce que le temps y est changeant. Il fait beau plusieurs fois par jour, et c’est ça un peu toute l’année. C’est un territoire de France qui reste assez dépeuplé, dans lequel il est possible de trouver des lieux comme ici, avec beaucoup de terrain, un peu d’histoire, de la vieille pierre…
Ce qui a été un déclencheur, ça a été l’envie d’un autre rythme et de vivre dans un environnement différent. J’ai d’abord trouvé le lieu dont on parle aujourd’hui, qui s’appelle le hameau Rulinen, et je me suis posé ici. Après coup, je me suis demandé ce que j’avais envie de faire et comment. Ça a pris un an. Je me suis bien vidé la tête en faisant des travaux d’urgence pendant la première année de vie ici. Et au bout d’un an, j’ai touché du doigt que ce serait plutôt l’ébénisterie qui me plairait comme activité. Donc dessiner des meubles, après avoir beaucoup vendu ceux des autres dans le monde entier.
Pouvez-nous nous parler de l’histoire de cette maison ?
Le hameau a été bâti il y a un peu plus de 200 ans. Quand on regarde les plans napoléoniens, il demeure aujourd’hui un demi hectare, mais il été étalé sur presque 2 hectares. Il comportait une douzaine de bâtiments. C’était une très grande ferme à l’époque. Un peu comme dans le reste des Côtes d’Armor, il n’y avait pas de grandes seigneuries. En fait, les grandes seigneuries ont été assez vite abolies, au profit de propriétaires fermiers, qui avaient des domaines plutôt cossus, mais de taille modeste par rapport à ce que l’on peut trouver dans la Loire ou dans d’autres régions de France.
C’est aussi pour ça qu’en Bretagne, on va trouver très peu de châteaux médiévaux et, par contre, énormément de ce qu’on appelle des “fermes manoirs”. Ça fait partie ici de ces fameuses fermes manoirs. Il demeure 5 bâtiments : trois qui sont dédiés à la vie, un au bricolage, au stockage, une grange et un dernier dont seuls les vestiges demeurent.
Comment votre environnement et votre mode de vie actuelle reflètent-ils vos valeurs personnelles ?
Ce qui m’a motivé ce n’est pas l’attrait de l’équilibre économique, d’avoir des gîtes pour seconder mon activité d’ébéniste. En un, ça a été de pouvoir créer des lieux d’accueil, pour que le jour où mes parents auront besoin de plus de proximité pour leur lieu de vie, il y ait deux bâtiments qui puisse les accueillir. Ça, je dois dire que ça m’a beaucoup motivé. On parle de valeurs, et je crois que je porte ces valeurs de pouvoir être là pour ses ailleuls. Je pense que c’est important dans le lien social et le vivre ensemble que ça puisse se faire. Je suis plutôt content qu’en attendant que ce jour arrive, s’il arrive un jour, on fasse vivre ces bâtiments, en en tirant des revenus. Ces revenus permettent aussi de continuer à les entretenir et de trouver un équilibre pour préserver ce lieu.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui envisagerait de changer de vie et de se lancer dans un projet comme celui d’ouvrir des gîtes ou des chambres d’hôtes ?
Je vais plutôt vous répondre en disant ce qui m’a été utile. Pour pouvoir assurer un changement de vie, compte tenu de moi, par rapport à mes peurs, mes ambitions, mes projets, là où j’en étais… Je pense qu’il y a 3 ingrédients qui sont très importants.
C’est d’abord de choisir un lieu très inspirant et ressourçant. De se préparer à imaginer, définir les contours, comment pourrait prendre corps ce lieu, à quoi il ressemblerait…
Le 2ème, quand on investit un lieu historique en mauvais état, qui a besoin d’être restauré, c’est d’arriver avec beaucoup de moyens. Soit, énormément d’amis qui ont beaucoup de temps et de compétences, soit d’avoir mis de côté un capital qui permet de prendre le temps soi-même quand on a quelques compétences ou d’investir sur des artisans locaux pour mener les travaux.
Mon 3ème conseil serait de dimensionner le projet par rapport aux deux premiers sujets. Prendre grand, si on est prêt à mettre beaucoup de temps personnel. Même si on a des moyens économiques, il va falloir prendre un temps important pour guider les artisans, apprendre à vivre avec son lieu et l’entretenir aussi. Prendre conscience du temps qu’on a à allouer à son projet, à long terme, parce que ce n’est pas que les premières années, c’est toutes les prochaines années, jusqu’à ce qu’on y demeure, qui vont nécessiter du temps. Et bien considérer les moyens économiques pour pouvoir entretenir et faire vivre le lieu.
Retrouvez l'interview de Raphaël
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